Une rencontre entre l’Angleterre de Elizabeth I & la tradition dhrupad à la cour Moghul de Akbar le Grand
Uday Bhawalkar, chant dhrupad
Pratap Awad, pakhawaj
&
Hathor Consort
Anne Freitag, flûte traversière Renaissance
Liam Fennelly, ténor de viole
Thomas Baeté, basse de viole
Romina Lischka, basse de viole, chant dhrupad & direction artistique
Le dhrupad – un composé de dhruva (« étoile polaire ») et pada (« composition musicale ») – est la forme la plus ancienne et la plus pure de musique classique vocale en hindoustani et trouve ses origines dans la récitation d’hymnes et de mantras védiques d’il y a près de 2000 ans. Au XVIe siècle, il devint célèbre dans les cours mogholes du nord de l’Inde où il fut une forme d’art classique très appréciée. Ses principales caractéristiques sont l’alap – une improvisation de râga en trois sections – et les compositions dans différents tâlas (cycles rythmiques). Le dhrupad peut être vu à différents niveaux comme un art du spectacle, une méditation, un culte, une récitation mantrique et comme du yoga du son.
La fantasia ou fantaisie était une forme populaire de composition polyphonique pour consort – un ensemble instruental ou vocal – à l’époque élisabéthaine en Angleterre. Elle naquit de l’art de l’improvisation, sa forme et son inventivité jaillissant « uniquement de la fantaisie et de la compétence de son auteur » (Luis de Milán, 1535-1536). Ses premières apparitions dans un contexte musical tournent cependant plus autour de l’idée musicale en tant que telle qu’elles ne s’attachent à un genre de composition particulier.
Un élément essentiel de la fantaisie est la liberté de toute parole. Le musicien est libre d’« employer toute inspiration qui lui viendrait, sans exprimer la passion du texte » (M. Mersenne, L’Harmonie universelle, 1636-1637). Dans l’alap également – la principale partie improvisée du dhrupad –, aucun mot n’est utilisé mais plutôt des syllabes, des parties de mantras qui donnent forme au nada – le « son ». La musique de consort, tout comme le dhrupad, reste une musique intime et méditative. Dans la réunion de ces deux mondes, leurs réflexions intérieures entrent en communication l’une avec l’autre pour créer une sonorité nouvelle : l’expression de la voix dhrupad par le consort de violes, que l’on dit être l’instrument le plus proche de la voix humaine.
« Fantaisie » vient du grec et du moyen anglais et signifie une image mentale, une idée ou quelque chose qui émerge, une apparence voyante= le processus d’une pensée émergente rendue visible. Aristote définit la fantaisie comme étant « le désir de notre esprit de servir de médiateur à tout ce qui n’est pas réellement présent aux sens avec une image mentale » et encourage à utiliser l’imagination pour créer le fantastique, forger des images inhabituelles.
La « dhrupad-fantaisie » naît de l’idée de créer un univers merveilleux, une idée visionnaire ou l’illusion de relier des improvisations basées sur le raga et une musique instrumentale polyphonique qui tous deux trouvent leurs origines dans la musique de cour du XVIe siècle.
Morning Raga Bhairavi & In Nomine à 4 / Afternoon Raga Bhimpalasi & Browning my dear / Evening Raga Bhupali & Ut re mi fa à 4 / Night Raga Bihag & Fantasia