Un son continu de circulation bloquée. Des éclats de rire. Au loin : une sirène. Sur un pont, une femme se tient prête à traverser. Bientôt, elle se perdra dans le dédale des rues, à la recherche de ce qu’elle a perdu. Amis et passants se joignent un moment à elle en marche et en pensée. De leurs récits émerge une mélodie intemporelle. Une élégie des siècles, pour voix, flûte, alto et harpe. Dans un autre monde, au bord d’une autre rivière, un poète chante une chanson pour sa bien-aimée décédée. Sa chanson est si émouvante que la porte du monde souterrain s’ouvre à lui. Il peut ramener sa fiancée à la vie, à condition de ne pas se retourner vers elle en chemin.
Après le succès de Misia, l’ensemble Revue Blanche présente une nouvelle performance avec l’artiste sonore Katharina Smets, cette fois en compagnie du compositeur Frederik Neyrinck. Nenia – littéralement “chant pour les morts” – est une exploration kaléidoscopique de la perte. Comment faire face à la mort d’un être cher ? Comment continuer à vivre avec cette absence constante ? Y a-t-il de l’espoir dans le souvenir, dans les arts, dans la rencontre avec l’autre ? Revue Blanche pose ces questions et d’autres dans une performance qui emmène l’auditeur dans les montagnes russes du deuil.
Quatre niveaux de récits résonnent dans ce projet polyphonique. Il y a le récit contemporain de Katharina Smets, où se mêlent des éléments autofictionnels et documentaires. Il y a des témoignages d’autres experts en la matière, offrant réflexion et réconfort. Il y a des enregistrements sur le terrain qui ancrent le voyage du narrateur dans un décor sonore tantôt urbain, tantôt rural. Et bien sûr, il y a la musique. Frederik Neyrinck arrange, transcrit et transforme un répertoire intemporel sur la perte. Pour ce faire, il s’inspire de la figure d’Orphée, le chanteur-compositeur mythique qui a tenté de ramener son aimée Eurydice du monde souterrain. En partant de la riche tradition orphique, Neyrinck peint dans Nenia un paysage musical tout à fait personnel. Des airs d’opéra aux élégies, des danses macabres exubérantes aux chants funèbres contemporains : les sons les plus divers se métamorphosent en une nouvelle composition sur mesure pour ce quatuor unique.
En contrepoint à cinq voix avec Katharina Smets, Revue Blanche explore le royaume de la pénombre entre le concert, le documentaire audio et le récit ; entre rêve et parabole ; entre obscurité et lumière.
Credits:
Katharina Smets, texte
Frederik Neyrinck, musique
Lise Bruyneel, vidéo
Katherina Lindekens, dramaturgie
Interprètes:
Katharina Smets
Revue Blanche
Lore Binon, soprano
Caroline Peeters, flûte
Kris Hellemans, alto
Anouk Sturtewagen, harpe
en coproduction avec LOD, Klarafestival, CC De Factorij